Nous venons de développer avec la startup Alilo une formation multimodale [footnote]C’est la combinaison de plusieurs modalités et moyens de formation mis à disposition d’un apprenant pour lui permettre de réaliser son apprentissage dans les meilleures conditions possibles, en termes de lieux, de temps, de supports et d’outils numériques. [/footnote] pour les exploitants agricoles. L’objectif principal des agriculteurs qui suivent cette formation est de maîtriser leur chaîne de vente pour valoriser leur travail grâce aux « circuits courts » à l’aide du logiciel Cagette.net

Cette formation « Développer sa vente directe sur internet » intéresse de plus en plus les chambres consulaires, les associations professionnelles et para professionnelles concernées par le développement local en lien avec des problématiques de développement durable. Alilo bénéficie notamment du soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine qui a repéré dans Cagette.net, une valeur ajoutée certaine pour servir son territoire. Cet exemple illustre bien comment la formation multimodale peut participer au développement local.

Le développement de circuits courts ne concerne pas uniquement les agriculteurs et les instances administratives et territoriales, puisque nous sommes tous consommateurs. Il permet à toute personne qui le souhaite de s’impliquer dans l’économie locale à son niveau.

De fait, cette formation impacte réellement le projet de vie et le projet professionnel des participants, permettant ainsi le maintien et le développement de leur activité. De plus, elle sert de levier à l’activation des relations sociales de proximité par l’intermédiaire de groupes de consommateurs locaux.

Je travaille sur différents dispositifs de FOAD [footnote]Acronyme pour “Formation Ouverte et A Distance”[/footnote] depuis une quinzaine d’années tout en conservant des activités de jardinier et d’auto constructeur depuis mon installation en tant qu’agriculteur bio entre 1980 et 1990 et conseiller agricole pour l’association Nature et Progrès.

Compte tenu de mon parcours dans ces deux mondes, voici une proposition pour développer les ressources locales afin de mettre en synergie d’une part la formation multimodale de demain, « le comment ?» et d’autre part, les problématiques de société auxquelles nous sommes confrontés, pour répondre au « pourquoi ? » se former.

Accompagner les savoirs des territoires

Développer les ressources locales consiste à accompagner les savoirs locaux, modernes et traditionnels : conception de low tech [footnote]cf. « l’âge des low tech : vers une civilisation techniquement soutenable » de Philippe Bihouix[/footnote] dans les fab-labs, éoliennes, chauffe eau solaires, tiny houses, auto-construction paille et bois, travail de la laine, de la pierre…
Je cherche à repérer, faire émerger, formaliser et professionnaliser les projets afin de leur donner la possibilité d’être diffusés sous forme globale et de permettre leur propagation territoriale. Ceci en mettant à disposition de chacun les procédés et techniques actuelles : moocs, spocs, dispositifs de formations mixtes, plus largement englobés dans le terme de formations multimodales. Pour visualiser nos solutions techniques,  téléchargez le guide gratuit Votre portail de formation avec WordPress

Pour que le savoir s’enracine dans le local, source de toutes les richesses, je cible les ressources humaines, les savoirs être et savoirs faire, les compétences qui permettent ensemble :

  • le développement des modèles économiques ou sociétaux respectueux de la qualité de la vie et de l’environnement,
  • l’apport d’une plus-value aux territoires,
  • de concilier projet professionnel et projet de vie.

Nos besoins fondamentaux ont été traditionnellement assurés par les ressources locales : manger, boire, dormir, respirer, tisser des liens affectifs et sociaux, tout en entretenant notre santé. Ce n’est que récemment que leur satisfaction a été délocalisée, produisant un modèle de consommation et d’alimentation dominant qui laisse pour compte de nombreux producteurs et rend malades de nombreux consommateurs : grande distribution, intermédiaires qui privilégient le bas prix et non la qualité, additifs, « mal bouffe », fast food …

L’exemple présenté avec Cagette.net apporte des solutions dans l’agriculture, l’alimentation et les circuits courts. mais dans d’autres domaines fondamentaux : tels l’habitat, le transport, l’énergie, la santé, l’accès à la terre, le numérique des déséquilibres sont également visibles, des projets voient le jour ici et là pour apporter des solutions.
Le modèle économique et social dominant donne des signes de défaillance car même s’il nous berce encore quelques fois d’illusions, il ne garantit aucune pérennité [footnote]cf. Pierre Gevaert, “L’avenir sera rural” et Pierre Rabhi “Vers la sobriété heureuse”[/footnote] .

Voici ci dessous les domaines qui me concernent plus directement : en rouge ceux dans lesquels je suis investi par la mise en pratique directe ; et en orange ceux auxquels je m’intéresse par des recherches ou une participation dans un cadre associatif.

Le changement… vers quoi ?

« Le numérique change tout c’est sa force mais il ignore en quoi, c’est sa faiblesse.
En revanche les autres transitions aujourd’hui considérées comme souhaitables à commencer par les transitions écologique et démocratique, ont en quelque sorte le problème inverse : elles savent assez bien dire où elles nous emmènent, et assez mal dire comment. » La FING Fondation Internet Nouvelle Génération

Uberisation des services, de la formation, etc. : les impacts du numérique sont inéluctables, alors on nous rebat régulièrement des propositions pour « accompagner le changement ».
L’adaptation aux changements induits par le numérique est agitée comme un chiffon rouge prévenant du danger encouru si l’individu, l’entreprise, la société ne se soumettent pas à son diktat [footnote] Lire notamment Eric Sadin « La Silicolonisation du monde : l’irrésistible expansion du libéralisme numérique » [/footnote].

Si la pression existe réellement, le numérique ne porte pas de sens en lui-même, c’est à nous de le lui donner. Le digital n’est qu’un outil, pas un but. Comment donc descendre du « cloud » et remettre les pieds sur terre ? Comment donner sa place au numérique, promouvoir un numérique qui soit une vraie valeur ajoutée dans les territoires, notamment ruraux, pour raccourcir les distances, maintenir l’emploi, participer aux liens sociaux et développer notre capacité d’agir sur notre milieu et notre destin ?

On devine à peine à l’heure actuelle quelles seront les connaissances et les compétences indispensables au monde de demain. En misant sur « l’apprenance », c’est-à-dire apprendre à apprendre, l’autonomie et l’auto formation, on élabore les savoirs-être qui permettront de les acquérir. L’objectif est l’humain (le vivant) dans son environnement en mutation.

La possibilité de télé travail et de formation à distance offerte par les réseaux permettent de reconsidérer les lieux de travail classiques et de définir de nouveaux espaces comme les tiers lieux, espaces de coworking et fab-lab.
Cette reconfiguration de l’espace conduit à revoir notre rapport ville / campagne. Au lieu de raisonner en mode « la ville pour le travail, la campagne pour la détente » de nouvelles alternatives s’offrent à nous. « Les freelances » rejoignent les « néo-ruraux » essentiellement pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Une nouvelle mobilité nous est offerte.

De mon point de vue le principal bénéfice d’internet est le partage, et la vraie richesse c’est la connaissance. Pour faire face aux défis de demain, je cherche à libérer l’énergie de la connaissance dans les domaines qui sont à la portée de chacun [footnote]Voir notamment les vidéos sur l’économie de la connaissance d’Idriss Aberkane[/footnote] .

Lorsque la formation provoque des effets réels sur le projet de vie et le projet professionnel de la personne, sur son mode de vie, son habitat, ses déplacements, son alimentation, alors cela rejaillit sur ses relations sociales comme nous le prouvent les moocs qui génèrent des liens sociaux en local : ainsi, le MOOC permaculture de l’université des Colibris ou le MOOC Botanique de Tela Botanica qui intègrent des rencontres et activités dans chaque région. La personne devient alors acteur de son changement et de son environnement.

Harmoniser projet de vie et projet professionnel

Donner des idées, donner des moyens de formation pour nourrir le projet de vie et le projet professionnel de chacun est maintenant un axe fondamental donner du sens à la formation multimodale – tout au long de la vie. Et notamment pour les jeunes, fraîchement extraits du système scolaire.

Faire confiance dans les aspirations des personnes, développer leur quête de sens pour harmoniser leur projet de vie et leur projet professionnel. Plutôt que d’établir le lien systématique entre l’offre et la demande du moment et de favoriser de façon presque exclusive des formations vers « les secteurs qui recrutent » et qui procèdent en général d’une vision à court terme, au risque de reproduire notre vision d’aujourd’hui sur le monde de demain.

La formation multimodale peut donc s’articuler dans les deux sens complémentaires : d’une part, du local vers le global pour les acteurs de la formation et les porteurs de projets ; et d’autre part, du global vers le local pour tous « les publics » de la formation.

Si vous m’avez suivi jusque-là, c’est certainement que cette démarche fait sens pour vous !

Pour aller plus loin voici le lien vers la web conférence qui présente le logiciel cagette.net et la formation multimodale : « Développer sa vente directe sur internet »
Que vous ayez déjà un projet ou des questionnements, n’hésitez pas à me contacter. Je suis prêt à réfléchir avec vous pour donner du sens à vos formations, pour relier projet professionnel et projet de vie.